Au terme d’une véritable remontada, le FC Barcelone féminin s’est imposé 3 buts à 2 face au VfL Wolfsburg, et a remporté la deuxième Ligue des champions de son histoire. Sacrées championnes d’Espagne quelques jours plus tôt, les Barcelonaises achèvent leur année en apothéose à Eindhoven, théâtre d’un match à suspens. Résumé d’une finale, d’une saison au sommet du football féminin.
Samedi 3 juin aux Pays-bas et aux alentours de 16h45, les autres supporters catalans et moi sommes assez fébriles. Comment ne pas l’être. Le souvenir amer de l’année dernière, laissé après notre lourde défaite 3-1 contre l’OL, nous hante. Les plus pessimistes d’entre nous le disent déjà dans les allées du PSV Stadion : la coupe aux grandes oreilles va nous échapper, encore. Quand l’arbitre principale siffle la fin de la première mi-temps, un vent glacial nous envahit alors tous, sans exception. Menés 0-2, plus personne ne chante « Blaugrana al Vent » (« Blaugrana au vent »), car là, c’est un ouragan qui passe au-dessus de nos têtes. Et pourtant, une petite voix dans l’esprit de certains s’obstine à dire que ce n’est pas perdu. Les Barcelonaises ont les armes pour retourner la situation. Après tout, nous sommes bien le club des remontada…
« La théorie du 2 » …
Dimanche 30 avril, stade Johan Cruyff. Les joueuses du Barça remportent devant leur public leur 8ème Liga, après une ultime victoire 3-0 contre Huelva. Un succès logique, vue leur nette domination sur toute la saison : 85 points (10 de plus que leur dauphin le Real Madrid), 118 buts marqués pour seulement 10 encaissés, 28 victoires, 1 nul et une défaite (la première en ligue depuis juin 2021), sans oublier une nouvelle Supercoupe ajoutée au palmarès. Seule ombre au tableau, la disqualification en Coupe de la Reine pour avoir aligné une joueuse par erreur. En Ligue des champions, rien à redire non plus. Une seule défaite face au Bayern en phases de groupes (1-3), et un nul contre Chelsea en retour de demi-finale (1-1) qui n’ont pas empêché les Catalanes de terminer avec les meilleures stats de la compétition. Quelques jours avant d’aborder la grande finale face au club historique féminin de Wolfsburg, les joueuses sont prêtes. Tout comme nous, supporters.
Samedi 3 juin, 14h30, Eindhoven. En arrivant aux abords du stade quelques minutes avant le début des hostilités, les fans blaugrana sont déjà en nombre et tous donnent de la voix. Chants et cris résonnent, rythmés par l’agitation des centaines de drapeaux et écharpes aux couleurs du club chéri. Parmi les quelques phrases récurrentes, une en particulier attire mon attention : « la teoria del 2 a tope! » (« Allez la théorie du 2! »). Cette formule presque magique est en fait partie d’un tweet anodin. Selon une internaute, tout porte à croire que le chiffre 2 est intimement lié à la finale, et à la 2ème victoire du Barça en C1. Toutes ces coïncidences ont donc suffies aux protagonistes qui, déjà quelques jours avant le Jour-J, posaient devant les photographes, les deux doigts levés. Cette théorie, adoptée comme un porte-bonheur par tous les aficionados (fans), n’attend donc plus qu’à être vérifiée !

… est réelle !
17h, PSV Stadion. Au moment de débuter la seconde période, la prophétie semble être en train de se réaliser. Seulement, dans le sens inverse. Le fameux chiffre 2, censé être gage de réussite pour Barcelone a changé de camp, et nous voila menés 0-2, après les buts de Pajor et Popp. Le sentiment qui me submerge est véritablement l’incompréhension. Impossible de comprendre comment une équipe de ce niveau ne parvient pas à transformer une de ses 15 frappes et innombrable occasion. Difficile de saisir comment notre adversaire, qui n’a tiré que 3 fois au but, a pu en marquer 2. La différence se trouve dans l’efficacité, c’est certain, mais tout de même. Cela ne ressemble pas au Barça de faire autant d’erreurs techniques, de manquer à ce point de réalisme. Certes, le club espagnol a la possession, se crée des opportunités, mais se manque à chaque fois dans le dernier geste.
Mais impossible n’est pas Barcelonais. Car si elle n’a pas débuté la rencontre sur le terrain, la capitaine Alexia Putellas fraichement remise de blessure, donne de la voix dans le vestiaire. Nous, fans de foot, savons à quel point les discours de mi-temps peuvent changer la physionomie d’un match. En zone mixte, Aitana a d’ailleurs expliqué ce qu’il s’était passé à la pause : « On s’est toutes regardées et on s’est dit qu’on pouvait revenir. On s’est dit que si elles avaient pu marquer deux buts en 45 minutes, alors on pouvait en marquer 3, 4, autant qu’il le fallait ! On avait une grosse mentalité. » Depuis les gradins, nous n’attendions alors qu’une chose : que nos joueuses créent l’exploit.
« Si il y a bien une équipe qui peut changer ce score là, c’est nous » (Alexia Putellas)
17h06. Il aura donc fallu une prouesse individuelle de Graham Hensen, tout le génie d’Aitana Bonmati et la finition chirurgicale de Patri Guijarro pour permettre au Barça d’enfin reprendre espoir et revenir à une unité des Allemandes. 17h08. Rebelote : les mêmes Aitana (crochet + centre) et Patri (tête plongeante) nous rendent complètement fous et nous rapprochent de la coupe convoitée. Le miracle part de là. 20 minutes avant le terme, c’est la si précieuse Fridolina Rolfö qui sprinte célébrer avec ses coéquipières, après avoir bien exploité une mauvaise relance adverse. 3-2. La délivrance. Au coup de sifflet final, on exclame alors : « la théorie du 2 est réelle » ! Et à quel point ! Sinon, comment expliquer que la remontada se soit faite dans la seconde période, avec deux buts en deux minutes, marqués par Patri, la numéro 12 de l’équipe et joueuse du match ? Le destin a bien fait les choses.

Que viser de plus ?
Avec ce succès, les Catalanes marquent véritablement l’Histoire du football féminin. Présentes sur 4 des 5 dernières finales de C1 (dont la victoire en 2021), le club progresse de plus en plus et s’affirme aujourd’hui comme étant certainement la meilleure équipe du monde. Le Barça a d’ailleurs réellement besoin de l’Europe pour se confronter aux meilleures équipes. Car si la Liga Féminine commence peu à peu à émerger en terme de niveau proposé, on reste loin de la ligue anglaise par exemple, assez irréprochable en terme d’engagement sportif et financier. Le club catalan est clairement favori dans son pays depuis pas mal d’années maintenant, et cette ultra domination, ce manque de confrontations à niveau égal peut desservir à la progression.
En s’appuyant sur des moyens inégalés, l’effectif ne cesse en effet de se renforcer par le biais de top recrues. Une des dernières en date, la Suédoise Fridolina Rolfö qui avait rejoint le club en 2021, a montré ce week-end qu’elle était un point indispensable du 11 blaugrana. Cet été, le Barça vise d’ailleurs une ancienne de la Masia, Ona Battle, qui évolue actuellement sous les couleurs de Manchester United. Une défenseure droit dont le rôle peut évoluer en latérale, que la direction veut absolument pour entamer la prochaine saison. À l’avenir, Le coach Jonatan Giraldez pourra toujours compter sur des éléments clés comme Patri, Aitana, Mapi Léon et surtout Alexia, que l’on espère bientôt revoir jouer son meilleur footall.

Et comme dans une équipe, il y a aussi un 12ème joueur, les Catalanes pourront s’appuyer sur nous, supporters, considérés comme la meilleure afición (ensemble de supporters) du monde, pour les mener à d’autres exploits légendaires. Après avoir battu le record mondial d’affluence pour un match de football féminin en mars 2022 (91 553 spectateurs), la prochaine étape est sans aucun doute de devenir la meilleure équipe de l’Histoire. Visca el Barça, i Visca Catalunya !






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