Ce samedi 10 juin, à 21h, heure française, se joue la finale de la Ligue des Champions édition 2022/2023. Au programme, le Manchester City du tacticien Pep Guardiola , triple champion d’Angleterre en titre, affronte l’Inter Milan de Simone Inzaghi . Même si cette finale semble être anodine dans une compétition aussi prestigieuse, elle marque peut-être un tournant dans l’histoire du football européen !

Le trophée de la Ligue des Champions, entretenue sur le célèbre détroit de Bosporus à Istanbul. Crédit photo : AA Photo

Une finale entre le glamour…

Ce samedi, deux équipes radicalement opposées vont s’affronter à l’Atatürk Stadium. Manchester City, l’équipe de Pep Guardiola est la grande favorite de cette finale. Après avoir déjà gagné pour la troisième fois d’affilée le relevé championnat d’Angleterre, les hommes de Pep Guardiola ont enchaîné avec une victoire en finale de Coupe d’Angleterre contre Manchester United. Cette dernière victoire résonne fortement dans le coeur des Cityzens qui se rapprochent de leur rêve. Celui de réaliser un triplé mémorable au niveau national et européen. Un triplé que seul leurs rivaux de toujours, Manchester United ont réalisés en 1999. Leur victoire en finale de FA Cup face à leurs voisins étant donc d’autant plus savoureuse. Seulement, cela fait plusieurs années déjà que cette équipe de « stars », écrase tous sur son passage en Angleterre. Néanmoins, la marche européenne leur échappe continuellement. N’ayant encore jamais posé leurs mains sur la « Coupe aux Grandes Oreilles« , Kevin De Bruyne, Erling Haaland ou encore leur capitaine, Ilkay Gündogan n’ont qu’un objectif en tête : la Ligue des Champions. La Premier League, la FA Cup, ces compétitions n’ont pour eux qu’un goût amer sans la dernière pièce du puzzle. Erling Haaland, leur buteur star recruté l’été dernier, a déjà marqué de son empreinte le championnat anglais et l’Europe, et son ambition est claire : « Évidemment que le club veut gagner la Ligue des Champions. Ils ont gagné 4 des 5 dernières Premier League. Ils ne m’ont pas ramené ici pour gagner le championnat, ça, ils savent déjà le faire. ». Ce ne sont néanmoins pas que ses frasques hors-terrain qui rende le géant norvégien si spécial. Il allait déjà chercher tous les records de buts et de précocités possibles depuis ses débuts en professionnel. En revanche, à son arrivé en août 2022 chez les « Sky Blues« , qui aurait pu prédire que L’ouragan Haaland allait être aussi rude sur les pauvres défenses anglaises. Pour sa première saison, il finit meilleur buteur de Premier League, bat le record de but en une saison avec 36 buts en 35 matchs. Il est vainqueur du championnat, meilleur buteur de la Ligue des Champions avec 12 buts, dont un quintuplé en 8ème de finale contre Leipzig, et 2 buts sur la double confrontation face au Bayern Munich. Bref, à force de comptabiliser les records battus par le norvégien, les fans du ballon rond en perdent la tête. Avec ses 50 buts toutes compétitions confondues, on ne peut oublier sa saison. Mais, ses coéquipiers bonifient également la saison de City. Autour de la machine extraordinaire qu’est Erling Braut Haaland, joue une armada de génie du ballon, parfaitement rodée à la méthode Guardiola. Kevin De Bruyne, comme toujours est le maestro de cette équipe, Ilkay Gündogan, fraîchement nommé capitaine, ne semble marquer que dans les grands matchs, Jack Grealish et Bernardo Silva qui accomplissent des merveilles sur leurs côtés respectifs. Surplombant cette armada offensive ahurissante, l’Espagnol Rodri semble s’imposer aujourd’hui comme le meilleur milieu défensif du monde. Pas un seul de ces joueurs, ni sur le terrain, ni sur le banc, n’a déjà gagné la Ligue des Champions. Cela étant dit, le désir obsessif d’une victoire en Ligue des Champions se comprend. Et après de nombreuses déceptions récentes dans cette même compétition, notamment une finale perdue en 2021, et un cauchemar vécu en demi-finale l’année dernière. Une odeur de vengeance flotte sur le côté bleu de la ville de Manchester. Avec cette victoire, le projet gigantesque mis en place par Sheikh Mansour depuis 2008 atteindrait enfin son objectif ultime ! Le bleu qui envahira Manchester sera-t-il celui des supporters célébrant leur victoire ou celui de leurs larmes après une énième déception ? En tout cas, la pression est sur les Cityzens car leur adversaire de l’Inter Milan n’ont rien à perdre…

Bernardo Silva célébrant l’ouverture du score lors de la démolition du Real Madrid en demi-finale retour de Ligue des Champions (4-0). Crédit photo : Compte Twitter officiel de Manchester City.

… Et l’histoire !

L’Inter Milan. Celui des grands. Tels que Giuseppe Meazza, Ronaldo Fenomeno ou Javier Zanetti. C’est aujourd’hui que les courants de l’histoire s’inverse. En 2010, si L’Inter de José Mourinho avait affronté un Manchester City en reconstruction et fraîchement racheté par les Émirats-Arabes Unis, ils auraient été donné comme les favoris évidents d’une rencontre grandement déséquilibrée. Mais aujourd’hui, le temps et l’argent ont complètement inversé le rapport de force entre les deux équipes. Manchester City se présente comme la meilleure équipe du monde. Guardiola et ses hommes semblent flotter sur un nuage ces derniers mois. L’Inter Milan, à l’opposé, réalise une bonne fin de saison, mais leur place en finale de Ligue des Champions reste tout de même surprenante. Même si certains joueurs de l’équipe sortent du lot comme étant des joyaux, ils sont pour la plupart éclipsés par une équipe ayant sous-performé durant une grande partie de la saison. Lautaro Martinez, champion du monde avec l’Argentine réalise effectivement une bonne saison. Mais, son coéquipier en attaque, Romelu Lukaku, reste sur une saison mitigée, voire décevante. Depuis son retour en Italie, le géant belge a eu du mal à se remettre en forme pour le haut niveau, et son niveau physique inquiète encore pour sa possible titularisation en attaque pour la finale. Matteo Darmian, le latéral gauche flamboyant des intéristes peut aussi être fier de ses performances cette saison. Co-meilleur passeur de la Ligue des Champions 2022/2023, l’italien sera l’une des clés du match pour l’Inter. Comme leur gardien, André Onana, l’ancien de l’Ajax Amsterdam ayant réalisé une première saison satisfaisante à Milan, achevant sa saison en club avec des performances remarquables dans les matchs qui comptent. Evidemment déçus par la domination napolitaine sur l’Italie, l’Inter a dû se battre durant l’entièreté de la saison pour rester dans les places qualificatives pour la Ligue des Champions. Sans une fin de saison ratée de leurs rivaux, tels que Rome, l’AC Milan ou la Juventus de Turin, l’Inter Milan aurait probablement eu beaucoup plus de mal à s’accrocher à cette place tant convoitée du Top 4.

Lautaro Martinez célébrant son but en demi-finale retour de Ligue des Champions face à l’AC Milan avec les supporters de l’Inter. Crédit photo : AP Photo

Quel football l’emportera ?

Après un parcours pouvant presque être désigné de « chanceux » en Ligue des Champions, l’Inter évitant quasiment tous les cadors de la compétition dans leur aventure européenne (Porto, Benfinca Lisbonne et l’AC Milan respectivement), une saison mitigée au niveau national, avec une 3ème place en championnat et une victoire en Coupe d’Italie. Tous ces éléments, ajoutés au fait que Manchester City semble inarrêtable, font que l’Inter Milan n’est pas désigné favori pour cette finale. Mais, finalement, cet affrontement, au sommet du football mondial, c’est également un affrontement entre 2 visions du football radicalement opposées. Manchester City, avec ses stars, ses investisseurs qualifiés de « nouveaux riches » et leur flamboyant style de jeu écrasant tous sur son passage, c’est le choix de la beauté, du glamour, du nouveau foot… . Dans une décennie ou les grands joueurs ne finissent plus leurs carrières en Europe, mais choisissent, pour la plupart, la voie de l’argent, que ce soit aux États-Unis, en Arabie Saoudite ou au Qatar. La victoire d’un club qui doit son succès à ces nouveaux investissements étrangers ne se faisait qu’attendre. Et, les clubs historiques des grands championnats européens, tels que l’Inter par exemple, ont du mal à suivre cette folie dépensière des « nouveaux riches ». Manchester City, le Paris Saint-Germain et plus récemment Newcastle United ; tous ces clubs ont investi des milliards dans le développement de leurs infrastructures, dans l’achat de joueurs stars et dans la globalisation de leur marque à l’international. Dans tous les départements, le projet de Manchester City est un succès, et il ne leur manque que cette marche européenne pour atteindre le Graal. De l’autre côté, un club historique comme l’Inter Milan, qui lutte difficilement contre les nouvelles normes exigeantes du football moderne, se place comme un défenseur du « vieux football« . Le football défensif, rude, de contre-attaque. L’Inter Milan et ses joueurs n’ont rien à perdre, et pourront capitaliser sur la pression immense qui repose maintenant sur les hommes de Guardiola. Ajouter une étoile européenne sur ce projet vieux de 15 ans, cela pourrait leur monter à la tête… . Samedi, 21h à Istanbul se jouera un match qui fera la marche entre l’ancienne génération de footballeurs et le nouveau style flamboyant de Manchester City et du football moderne. Manchester City achèvera-t-il enfin son rêve d’Europe ? L’Inter Milan et le poids de sa riche histoire pourra-t-il créer un exploit historique de la Ligue des Champions ? Nous en sauront plus samedi soir, mais en tout cas, ça s’annonce fou !

Crédit photo : The Sun

Mathé Cleach

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