La jeune marcheuse athlétique de 21 ans, déjà médaillée à deux reprises, livre ses ambitions lors d’une interview ce samedi 7 octobre 2023. Détentrice du record de France du 10 km et du 5000 m marche Junior, elle compte bien performer aux prochains événements dans la discipline supérieure : le 20 km.

Pour elle, la marche athlétique est une passion, un sport d’endurance et de patience. Du haut de ses dix ans, Maële est impressionnée par les athlètes du club Stade Saint-Lois Athlétisme en Normandie (son club actuel). Elle s’essaye au sport, mais comprend très vite que les coachs de marche ne sont pas très convaincus. Son ego blessé, elle décide de persévérer et s’entraîne pour prouver qu’elle a sa place dans la cour des grands.
À dix ans, les portes des compétitions nationales s’ouvrent à elle. Ce sport d’athlétisme n’est pas le plus pratiqué, alors les jeunes athlètes ont la possibilité d’y participer pour tenter de décrocher les différents titres (départemental, régional, national, européen et mondial). La jeune athlète progresse et remporte deux belles médailles pendant l’été 2021. D’abord le bronze sur le 10 000 m lors des championnats d’Europe U20 à Tallinn (Estonie), puis l’argent un mois plus tard dans la même discipline à Nairobi au Kenya lors des championnats du monde U20.
Et pour garder ce haut niveau, elle doit combiner les 14 séances d’entraînement chaque semaine et les études à Sciences Po Rennes. Bien qu’elle bénéficie d’aménagements accordés par son statut d’athlète, le rythme reste effréné.

Cette année est particulière pour l’étudiante puisqu’elle réside à Prague, la capitale de la République Tchèque, située bien loin de sa Normandie et de sa famille.
« Je suis en troisième année de licence à Sciences Po Rennes et donc, dans la plupart de ces cursus, la troisième année, on doit la faire à l’étranger. J’ai donc choisi de venir étudier à Prague pour ces deux semestres, à l’université. Je suis en colocation, j’ai ma petite chambre et pour le moment cela se passe plutôt bien.»
Et pourquoi Prague ?
« En fait, je suis venue à Prague en partie parce que je connais une athlète avec qui j’ai fait des podiums en catégorie Junior qui a fini une fois devant moi, une fois derrière moi, enfin, on a fait toutes les courses ensemble. Elle est tchèque et s’entraîne à Prague donc comme ça, ça me permet de rejoindre son groupe et de ne pas m’entraîner toute seule.»
Niveau emploi du temps, comment arrives-tu à combiner études et entraînements ?
« C’est totalement différent des études que j’ai faites en France. Là, je suis actuellement en tant qu’étudiante ERASMUS où le but, c’est de beaucoup voyager, de découvrir une nouvelle culture. Donc, le volume horaire est très réduit, j’ai 7 heures de cours par semaine, j’ai beaucoup de temps pour m’entraîner. Après, Prague est une capitale donc c’est beaucoup plus étendu. Quand je suis à Rennes ou à Saint-Lô, les temps de transports sont un peu moindres, mais puisque je suis bien située au niveau de l’appart (à 200 m de mon lieu d’entraînement principal) c’est assez simple. Et en plus, j’ai fait en sorte, en amont, de préparer mes séances d’entraînement. »
Après l’obtention de ta licence, que comptes-tu faire ? Souhaites-tu te consacrer pleinement au sport de haut niveau et réaliser une carrière sportive ?
« Idéalement, puisque ça ne relève pas complètement de moi, j’aimerais terminer mon Master. Ensuite, je vais me concentrer pendant plusieurs années uniquement au sport de haut niveau pour avoir une vraie carrière sportive dans un premier temps. Et après, étant donné que j’aurai le bagage et les diplômes nécessaires, à la fin de ma carrière sportive, je veux vraiment me diriger vers un parcours professionnel complètement différent. »
Cette carrière sportive a-t-elle toujours été une évidence pour toi puisque tu as quand même dû lever le pied pendant une longue année sur les entraînements à cause de blessures ?
« A force de faire des ‘‘Starts & Stops’’, au bout d’un moment, évidemment que je me suis posé des questions. Je pense que j’ai toujours gardé ma motivation. En revanche, je n’ai pas toujours cru que je reviendrai. Parce que… voilà, quand une blessure revient un peu de nulle part (ce qui était le cas), qu’on n’arrive pas à la traiter, au bout d’un moment, oui, on peut remettre en question la suite de sa carrière. »

Tu fais partie de la Fédération Française d’Athlétisme, tu pratiques la marche athlétique de haut niveau, mais vous n’êtes pas beaucoup d’athlètes qui pratiquent cette discipline. Penses-tu donc que ce sport est suffisamment connu du grand public ?
« Alors déjà, il faut savoir que la marche est une discipline de l’athlétisme qui est un sport quand même assez populaire, assez reconnu, assez médiatisé. Certes, nous ne pratiquons pas la discipline qui l’est le plus, mais pratiquer un tel sport est quand même assez reconnu. »
Puisque les JO sont un tremplin dans une carrière d’athlète, comptes-tu participer aux prochains à Paris 2024 ?
« Autant en amont des championnats, je ne peux pas du tout prévoir ma participation pour deux raisons. La première, c’est que j’ai été blessée pendant toute l’année dernière. J’ai perdu un an d’entraînement, mais en réalité, j’en ai perdu un deuxième pour revenir à un bon niveau. Donc, là, je ne me sens pas encore au top de ma forme, il me faut encore plusieurs mois avant que je ne pense vraiment revenir sur le plan international. La seconde raison, c’est que ce sera sur un 20 km, distance olympique que j’ai exercée une seule fois à cause de ma blessure donc je ne sais absolument pas ce que je vaux sur cette distance. Après sinon, il faut s’entraîner et attendre les compétitions qui vont arriver au printemps et donner le meilleur pour grimper au classement mondial (ranking) ou réaliser les minimas et performer le jour-J. Ce qui est clair, c’est que les Jeux, je les envisageais très certainement avant la blessure, que celle-ci m’a beaucoup ralentie et qu’aujourd’hui, évidemment j’ai beaucoup moins de chance d’y participer que si je n’avais pas été blessée. Donc voilà, c’est un gros point d’interrogation. J’ai pris beaucoup de retard et c’est pour ça que cette année, je vais redoubler d’efforts pour essayer d’y participer parce que c’est qu’une seule chance dans ma vie donc autant tout donner. »
Les Jeux olympiques 2028 sont peut-être plus envisageables ?
« Pour le coup, les Jeux de 2028, ça fait 17 ans que j’y pense parce que je serai normalement au top de ma forme et je pourrai réellement rivaliser avec les autres athlètes. C’est l’objectif vraiment en termes de performance pure. »
As-tu eu un.e idole qui t’a poussée à pratiquer ce sport ?
« Non. Il y a bien des athlètes qui font d’excellents résultats et que j’apprécie, car je comprends le travail réalisé derrière. J’ai conscience des résultats absolument incroyables, mais ce n’est pas pour autant que je vais les idolâtrer ou les admirer. Je n’ai jamais eu d’idole parce que mon but, c’est de faire pareil. »
La saison débutera au printemps, le classement mondial se verra chamboulé et on espère tous que Maële Biré-Heslouis trouvera récompenses à ses efforts.
Besnard Léa
Crédit photo : Jean-Pierre Durand / FFA






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