Dans un match où les Bleus pouvaient se racheter d’un début de tournoi compliqué (1d, 1v), le XV de France a été bousculé voire écorché par des Italiens, qui mettent fin aux espoirs de victoire dans le tournoi.  


C’était pourtant un match qui avait goût d’espoir pour les joueurs de Fabien Galthié, qui abordaient une 3ème journée du tournoi des 6 nations devant son public. Au Stade Pierre Mauroy de Lille, devant 50 000 spectateurs, les tricolores devaient faire figure de bon élève, se servir de cette rencontre comme bascule pour enfin digérer la pilule “Coupe du Monde”. Face à eux, la Squadra Azzurra, une équipe en pleine réorganisation qui se cherche encore, en témoigne le passage de 3 entraîneurs en l’espace de 4 ans seulement. Une jeunesse flamboyante pour encadrer le projet du nouveau chef de bord argentin, Gonzalo Quesada, figure emblématique du rugby ayant évolué dans 5 clubs français. Une quarante-neuvième confrontation contre l’Italie, toujours à la recherche de performance dans le tournoi (2 matchs pour 2 défaites). Se montrer exigeant envers soi-même, faire preuve d’humilité pour retrouver du plaisir et éviter le scénario du 5 février 2023, où l’Équipe de France s’était imposée au forceps 24-29 au Stade olympique de Rome. Fidèle à son XV de départ et malgré la victoire douloureuse à Murrayfield face à l’Écosse il y a quelques semaines (16-20), Fabien Galthié n’a pas tenu à remanier sa ligne conductrice.

Trois changements sont à noter avant le début de la rencontre : Paul Boudehent en troisième ligne pour combler l’absence du capitaine Grégory Alldritt (plaie à la jambe gauche), première titularisation de Posolo Tuilagi (deuxième ligne) à la place de Paul Gabrillargues (sortie du groupe) et Matthis Lebelle remplace Louis Bielle-Biarrey (torticoli) au poste d’ailier.

Pour sa première titularisation, Posolo Tuilagi, s’est montré combatif (©Icon Sport)

Un équipage maladroit  

Un début de match où les deux effectifs se montrent agressifs, un harcèlement récompensé avant la première minute sur un grattage du pilier droit italien, Giosuè Zilocchi. Puis au tour du troisième ligne toulousain, François Cross de se montrer efficace sur cet exercice, l’un des tricolores qui se distingue le plus depuis le début du tournoi. Le doute et les craintes des supporters français sur l’introduction des touches ont été vite rassurés par la connexion Mauvaka – Woki, même si Matthieu Jalibert vient annihiler une occasion d’essai avec un coup de pied un peu trop profond (3’35). Avec une différence de 95 kg entre les deux packs (961 kg pour le pack français), la poussée française dans les mêlées amène à une belle séquence de jeu. De très bons relais et l’omniprésence de François Cross, l’Équipe de France ouvre le score par l’intermédiaire de Charles Ollivon (6’), qui signe son seizième essai en sélection (transformé par Ramos). C’est quelques minutes plus tard, que l’axe droit de la mêlée française se montre une nouvelle fois efficace, la doublette Uini Atonio – Posolo Tuilagi en démonstration de force, pénalité transformée par Thomas Ramos (13’). Les bleus rassurent défensivement et repoussent la première incursion dans leurs 22 mètres (15’), avec le classique du XV de France, un bon plaqueur (Matthis Lebelle en l’occurrence) pour un bon gratteur (Jonathan Danty). 

Du côté abattage, Paul Boudehent a fait le boulot, meilleur plaqueur tricolore (14/14) et 36 mètres ballon en mains. Joueur du pack avant le plus mobile du tournoi, Cyril Baille n’a pas chômé sur les 25 premières minutes, où il s’est montré combatif et entreprenant, honorant alors sa cinquantième sélection. 

Ce sont malheureusement plusieurs imprécisions dans ce premier acte, qui viennent ternir toutes ces bonnes attitudes. De mauvaises décisions et un manque criant de lucidité à quelques mètres de la ligne d’en-but. En témoigne un nouveau jeu au pied de Matthieu Jalibert à 10 mètres de la ligne qui finit en touche (24’), alors que l’hexagone tout entier avait vu le soutien de Damian Penaud sur sa droite. Victime d’une blessure au genou, il cède sa place à Yoram Moefana (36’). Les erreurs s’enchaînent après ce fait de jeu, notamment à la 38e où Ramos tente de renverser une nouvelle fois sur l’ailier bordelais, Damian Penaud, qui manque sa réception de peu, un festival d’action manqué. De leurs côtés, les Italiens proposent une défense cohérente avec à l’arrivée 9 Italiens à plus de 10 plaquages, statistique révélatrice de la pugnacité italienne. Les transalpins ont ensuite proposé quelques phases offensives intéressantes, mais sans pour autant aplatir. L’arrière du Stade Rochelais, Jonathan Danty vient clôturer une première mi-temps plus que limite avec un plaquage non maîtrisé sur Ignacio Brex juste avant la pause, la sentence est implacable : carton rouge et pénalité transformée par Martin Page-Relo à 40 mètres (10 – 3 à la pause). 

L’effort collectif (©A.Mounic /L’Équipe)

Le navire prend l’eau 

Réduits à quatorze en seconde période, les Français abordent le deuxième acte avec deux chiffres révélateur du manque de finition, 42 % (soit 6 minutes) de la première période dans les 22 mètres italiens pour 10 maigres points. L’absence de Jonathan Danty se fait ressentir, moins d’agressivité défensive et donc une première faille à exploiter par les joueurs de Gonzalo Quesada. Mais suite à une belle course et un slalom de Matthis Lebelle, Frederico Ruzza (deuxième ligne) se met à la faute et Thomas Ramos fait parler son pied (13 – 3 à la 44’). Dans le groupe des sortants (49’), Maxime Lucu n’a pas attiré l’attention, même si défensivement le numéro 9 a fait preuve d’abnégation pour le groupe, il semble avoir eu du mal à animer le jeu et à faire les différences. L’apport des entrants semble porter ses fruits, Romain Taofifenua empêche une sortie balle, tandis que le Garrec remet de l’ordre dans sa défense, les Bleus récupèrent le ballon (51’). Le faux rythme se fait néanmoins ressentir, le XV de France ne maîtrise plus le match et la mêlée n’est plus un secteur acquis, le pack français subit et Christophe Ridley, l’arbitre de ce match pénalise les tricolores (59’). Une faiblesse qui leur coûtera 3 minutes plus tard, une pénalité transformée par Garbisi (13 – 6). Les joueurs de la Squadra Azzurra font feu de tout bois, ils déroulent proprement par des offensives efficaces qui créent énormément d’incertitude. Il suffira de la prise d’intervalle de Garbisi et de quelques plaquages français manquées pour qu’Ange Capuozzo puisse bénéficier de ce ballon et aplatir sur le côté gauche (transformé par Garbisi, 13 – 13 71’). Avant-dernière mêlée de ce match libérée par Nolann Le Garrec (73’). Les courses puissantes se succèdent pour tenter de fissurer cette défense italienne et sur une transmission de Moefana à l’entrée des 22 mètres, Alexandre Roumat commet l’en-avant. L’ Équipe de France est à la recherche de la pénalité de la gagne, le maul peine à avancer face au rideau défensif italien, le grattage de l’entrant, Manuel Zuliani est récompensé, pénalité à 30 mètres des pagelles (80 + 1). Précipité dans son coup de pied, Paolo Garbisi manque son geste, le ballon heurte le poteau droit, dénouement exceptionnel à Villeneuve d’Ascq (13-13 scores finals). Le XV de France concède son premier nul de l’histoire face à la Squadra Azzurra et se place désormais 4ème du tournoi (6 points). C’est une équipe qu’on ne reconnaît plus, à la fois sur les attitudes, mais aussi sur les fondamentaux. L’heure est à la remise en question.

Le déception italienne après la pénalité manquée de Paolo Garbisi (©Eurosport)

Gaetan Guerin

©Reuters : Yves Herman


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