Nous le savons toutes et tous, les Jeux de Paris 2024 approchent à grands pas. L’occasion ici de mettre en avant des sportives plus motivées que jamais par cet événement. Dans cet article, venez suivre Marjorie Veyssière, membre du relais 4×400 mètres.  

Première rencontre, mars 2024

Marjorie Veyssière est une athlète spécialiste du 400m, épreuve olympique féminine depuis 1964 (1896 pour les hommes). Elle se prépare pour faire partie du relais 4 x 400 mètres qui concourra cet été. Originaire du Cantal, elle est licenciée et s’entraîne au Clermont Auvergne Athlétisme.  

Discipline phare des Jeux Olympiques, l’athlétisme au féminin figure au programme de cette compétition depuis 1928. Il compte aujourd’hui 48 épreuves (plus grand nombre d’épreuves avec la natation). Marjorie Veyssière, “l’une des meilleures athlètes de sa génération” peut-on lire sur le site de son club, se prépare pour faire partie du relais pour Paris 2024.  

La sportive a commencé l’athlétisme à 12 ans. Elle s’est spécialisée dans le 400 mètres car c’est l’épreuve qui lui correspondait le mieux physiquement, nécessitant à la fois de la vitesse et des qualités de résistance. Depuis septembre, l’enseignante a quitté les salles de classes pour la piste. A 27 ans, elle a pris un an pour se consacrer entièrement à sa passion, et défendre les couleurs de la France cet été. Pendant trois ans, elle alternait entre les cours de collège en SEGPA, qui lui offraient un emploi du temps assez malléable, et les entraînements, mais ce rythme devenait trop compliqué à tenir.

L’entretien

Quand est-ce que tu as commencé à te dire que les Jeux c’était possible ?   

Je me suis vraiment dit que c’était mon objectif à la sélection été 2022, quand je suis rentrée dans le collectif aux championnats du monde à Eugene (Oregon, US). On a enchaîné ensuite avec les championnats d’Europe à Munich, et depuis ça s’est clairement concrétisé que c’est mon objectif. 

Dans quel état d’esprit es-tu ? 

C’est le plus gros enjeu de ma carrière. Pour ma première sélection en 2022, c’était dans ma tête de me dire je suis en sélection, donc on va dire que l’enjeu était un peu moins stressant. Là, l’objectif c’est vraiment faire les Jeux, c’est à la fois hyper dynamisant parce qu’on vit une préparation olympique, et à la fois c’est un enjeu important. C’est pour ça que j’ai arrêté de travailler, que j’ai tout mis de côté pour n’avoir aucun regret. 

Je travaille avec une préparatrice mentale depuis 3 ans. Pour moi c’est essentiel, il y a plein de choses à gérer, des moments de doute, des moments d’euphorie : tous les états émotionnels de l’année. J’ai dû apprendre à me faire confiance. Elle m’a beaucoup aidé dans toute mon organisation et maintenant elle m’aide aussi sur la préparation des compétitions. 

Je travaille beaucoup pour cet objectif, les gens qui m’accompagnent travaillent aussi, donc je me met la pression. J’ai trouvé quelques sponsors, j’arrive plus ou moins à vivre de mon sport. 

Où en es-tu dans ta préparation ?  

Dans une semaine type, j’ai 2 entraînements par jour en moyenne. J’attaque généralement la semaine avec du sprint le matin et je reviens le soir faire une séance de bondissement. Le mardi et le vendredi j’ai mes soins de kiné. Le jeudi après-midi je travaille avec la préparatrice mentale. On fait souvent deux séances en une, sprint et musculation par exemple, comme ça j’ai tout mon temps au stade mais je peux récupérer. Le samedi on s’entraîne le matin et je suis en repos l’après-midi. J’ai le dimanche qui est off. 

Le mois dernier, j’ai fais 2 semaines de stage à Séville, pour changer de cadre, ça fait du bien de s’entraîner ailleurs qu’au Stadium [à Clermont]. Quand je suis revenue, j’ai fait une course assez mauvaise à côté de Barcelone, je suis rentrée sur le 400 avec un chrono correct mais j’étais assez déçue parce que ce n’était pas ce que je voulais faire. Une semaine plus tard, le week-end dernier (au moment de l’interview) j’ai couru à Clermont et là j’ai fait mon record en salle, 52’84. 

Je vois la saison un peu comme un ensemble, j’ai encore des caps à passer pour être à l’aise dans le relais. On va courir pour les Jeux donc il faut qu’individuellement on puisse sortir les bons chronos. Après il y a plusieurs étapes : les championnats du monde de relais, les championnats d’Europe. Ce sont des étapes aussi qui font un athlète. Même si par exemple on est en (championnat du) monde et qu’on qualifie le relais – pour le moment il n’y a aucun relais dans le monde qui est qualifié – ça ne veut pas dire que tu courras aux Jeux, ce sont deux choses distinctes. La sélection officielle se fera aux championnats de France élites fin juin, ils prendront les 7 meilleures athlètes. 

Qu’est-ce qui fait la spécificité du relais, l’aspect collectif ? 

La dynamique du relais c’est quelque chose qui est à part, on construit une performance à 6. On voit l’équipe avec les remplaçantes, parce qu’on vit un truc un peu unique toutes ensemble. Ça change complètement de ce qu’on a l’habitude de vivre quand on est toute seule en chambre d’appel. Si tu fais par exemple une mauvaise performance c’est seulement toi, plus ou moins, qui va en pâtir. Quand tu sais que c’est l’équipe, qu’on a tous cet objectif de gagner, c’est dur. Tu n’as pas envie de décevoir ton équipe et puis tu sais que derrière il y a des remplaçantes qui n’ont pas eu l’opportunité de courir. Pour moi c’est le plus compliqué mais il faut aussi saisir sa chance, si on en est arrivé là c’est qu’on a travaillé pour, mais ce n’est pas forcément évident.  

Dans un groupe d’athlé il y a forcément du collectif, moi je le retrouve dans le relais.  Quand on court sur les compétitions, on est toute seule c’est ce qui est le plus difficile à gérer. En revanche l’entraînement c’est un entraînement athlétique. Sur l’échéance on va s’entraîner avec d’autres athlètes qui ne font pas forcément du 400, ils peuvent faire du 800, du 200. On va se regrouper. Par exemple, pour le travail d’aérobie, je travaille avec ceux qui font du demi-fond. Ils m’épaulent beaucoup parce que c’est leur truc. Je vais dans le groupe, j’ai juste à suivre, et c’est énorme, parce que si je dois faire ma séance toute seule, ce n’est pas la même chose. 

Qu’est-ce qui a été facile/ difficile durant le mois qui s’est écoulé ? 

Ce qui a été difficile, c’est l’emballement d’un coup. Depuis septembre on a pris notre temps, et depuis janvier il y a tout qui s’accélère donc d’un coup on est hyper concentrés. Il faut quand même lâcher un peu parce que ça va durer longtemps. 

Depuis début janvier je n’ai pas mon entraîneur à Clermont – il est au Kenya parce qu’il entraîne beaucoup de demi-fond. Jusqu’à présent ça allait mais là j’avoue que ça commence à être un peu dur, je dois faire les séances toute seule, mais j’arrive toujours à trouver quelqu’un pour prendre les chronos. C’est de l’adaptation et c’est un entraînement, parce qu’en sélection l’entraîneur vient pas, pendant 2 – 3 semaines, tu es seule. 

Marjorie Veyssière est prête pour les JO !

Ça fait 3 ans que je m’entraîne avec lui. Peu importe s’il est là ou pas, je vais faire ma séance ; mais il va trouver les mots si j’ai l’impression d’avoir fait une mauvaise séance. Et puis il va vivre la séance. C’est vrai que d’avoir les chronos comme ça, il ne voit pas forcément tout.  

Après, ce qui est facile à gérer, pour le moment, c’est le quotidien. Je suis originaire du Cantal, ma famille n’est pas loin, je ne ressens pas de frustration de m’être investie dans mon sport à 1000 %. Évidemment il y a quelques sacrifices, mais je suis chez moi, je suis proche de ma famille. Je sais aussi qu’il y a d’autre choses aussi qui m’attendent et je vais profiter un maximum cette année de chaque course. De pouvoir ne faire que ça, c’est un cadeau que je me fais. 

Quels sont les objectifs pour le mois prochain ? 

Le mois prochain je vais participer aux championnats de France. C’est la première étape. Il y a aussi un test de sélection pour passer en championnats du monde de relais. Je me donne le mois de mars pour pouvoir rester à Tignes aux championnats du monde de relais. 

Depuis l’interview, Marjorie a participé aux championnats de France élite en salle. Elle a terminé 4ème sur l’épreuve du 400m en 53’35 (son record est 52’84). Rendez-vous dans quelques semaines pour continuer à suivre sa préparation ! 

Laisser un commentaire

Tendances