Déjà vainqueur l’année passée, Mathieu Van der Poel est parvenu à réaliser le doublé sur les pavés de Roubaix. Épaulé par une équipe Alpecin-Deceuninck dominante de bout en bout, le Néerlandais, grandissime favori, a véritablement écrasé la concurrence devant un public du Nord comme toujours au rendez-vous. Tout simplement Monumental.
Effluves de saucisses grillées, chaises de camping autour d’un barbecue installé au milieu des champs, bières belges et bobs portés fièrement. Nous ne sommes pas en juillet sur les routes de la Grande Boucle, mais bien sur l’Enfer du Nord qui, ainsi dépeint, n’a plus grand-chose d’un enfer. Seulement, il suffit de s’approcher un peu plus près des chemins étroits coupant les pâtures, pour réaliser qu’y passer à vélo relève de l’exploit.
Le public nordiste en folie
Certains sont présents au Carrefour de l’Arbre depuis les premières lueurs de la mâtinée afin d’être sûr de pouvoir être au plus proche des coureurs, regarder passer les juniors puis ceux du circuit continental. Un échauffement vocal avant d’accueillir, comme il se doit, ces héros des temps modernes que sont Pedersen, Pollitt ou Degenkolb. Mais en l’absence du chouchou des Flamands, Wout Van Aert, le public (oui, même les Belges les plus enivrés) n’avait qu’un seul nom à la bouche, celui de Matthieu Van der Poel.

Crédit Photo : Léo Billard / Les Olympistes
Comme ces dizaines de milliers de spectateurs, Stefan Küng ne s’y trompe pas : « un jour, je pourrai raconter à mes enfants que j’ai couru avec le fameux Mathieu van der Poel ». Le suisse (5e) est conscient qu’une page de l’histoire du cyclisme est en train de s’écrire sous ses yeux et les lignes tracées sur les pavés de Roubaix dimanche resteront parmi les plus marquantes.
« j’ai couru avec le fameux Mathieu van der Poel »
À l’image de leurs performances sur les classiques du début de saison, Van der Poel et son équipe Alpecin-Deceuninck ont tout bien fait. Mais rarement un tel sentiment de domination s’était fait ressentir sur la Reine des classiques. D’abord petite équipe de cyclo-cross ayant décidé de miser sur un jeune talent néerlandais, petit-fils de Poulidor, l’équipe Belge est devenue la référence sur les courses d’un jour et le talent brut, une machine à gagner. Sur les pavés du Nord, ils avaient décidé de durcir la course dans les premiers kilomètres afin de remettre chacun à sa place dès les premiers coups de pédale. L’échappée n’a donc jamais eu un semblant d’espoir.

Crédit Photo : Bernard Papon / AFP
Véritable rouleau compresseur, la formation belge avait déjà réduit le peloton à une trentaine d’unités au moment d’arriver à la chicane, qui avait tant fait couler d’encre, placée à l’entrée de la trouée d’Arenberg afin de ralentir les coureurs dans ce secteur mythique. Une fois engouffré dans les sous-bois d’Arenberg, Van der Poel décide de porter une première attaque qui s’avérera infructueuse. Ce ne sera que partie remise. À 60 kilomètres de l’arrivée dans le secteur d’Orchies, le champion du monde s’envole, calé sur sa selle. Comme si une couche d’asphalte d’une lisseur sans pareil recouvrait les pavés lors de son passage. Les autres, simplement humains, n’ont pu admirer qu’un temps la machine arc-en-ciel avant qu’elle ne prenne la fuite.

Crédit Photo : AFP
Creusant rapidement un écart impossible à boucher, Van der Poel traversera les derniers secteurs pleins à craquer en légende. Il roule seul, soulevant la poussière du pavé, dossard numéro 1 du vainqueur sortant, victorieux sur le Tour des Flandres la semaine passée avec le maillot de champion du monde sur le dos. Même les Flamands du Carrefour de l’Arbre et son atmosphère incandescente, sont conquis lors de son passage.
Un tour d’honneur et puis la gloire. Van der Poel lève les bras sur le vélodrome de Roubaix avec en prime le record de vitesse moyenne sur la course explosé (47,8 km/h). Avant d’aller profiter de la traditionnelle douche réservée au vainqueur, il attendra près de trois minutes pour voir son coéquipier Phillipsen décrocher la deuxième place. Gianni Vermeersch viendra même embellir le bilan de la formation Alpecin-Deceuninck en prenant la sixième place. Une démonstration collective dans la lignée des performances du début d’année. En plus du Tour des Flandres et de Paris Roubaix, Philipsen a été chercher Milan San Remo emmené sur un plateau par son coéquipier néerlandais.

Crédit Photo : Anne-Christine POUJOULAT / AFP
Alors que Van der Poel a annoncé sa participation à Liège-Bastogne-Liège, on se demande ce qui peut arrêter la formation belge aux allures de Quick-Step à sa grande époque sur les courses un jour. Déjà six Monuments dans la poche pour le champion du monde à 29 ans. Le record de d’Eddy Merckx est à dix-neuf et paraît inatteignable, mais il ne faut rien s’interdire avec l’héritier de Raymond Poulidor.






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