À l’issue d’une 111e édition animée, c’est le Slovène Tadej Pogacar qui s’impose logiquement après avoir survolé les débats. Déjà très bien parti suite à la deuxième semaine, il a écrasé la concurrence pour remporter une troisième fois le Tour de France. Retour sur une ultime semaine où le peloton et les autres ont peiné à exister.
Le coup de coeur : Richard Carapaz et sa hargne légendaire
Élu super-combatif à l’issue du Tour, Richard Carapaz n’aura pas volé cette distinction individuelle, lui qui termine également meilleur grimpeur de cette édition. Éphémère maillot jaune en première semaine, le premier de l’histoire de son pays, l’Équatorien s’est arraché pour s’imposer à Superdévoluy lors de la 17e étape. Après s’être paré des pois lors d’une nouvelle magnifique prestation pendant la 19e étape, Carapaz a tenté le tout pour le tout samedi dans le col de la Couillole, mais n’a pu s’imposer. Combatif et dans tous les bons coups de cette dernière semaine, l’Équatorien a largement mérité son maillot à pois et peut quitter le Tour 2024 en étant fier de son parcours.
La surprise : l’étonnante solidité de Remco Evenepoel
L’objectif affiché en début de saison était clair : le Belge voulait finir dans le top 5 du Tour de France. Pour sa première participation à la Grande Boucle, le champion du monde du contre-la-montre a rempli son objectif avec la manière. Vainqueur d’une étape, présent à six reprises dans le top 3 d’une étape, maillot blanc de meilleur jeune et donc troisième du général, le Belge de 24 ans a montré qu’il fallait compter sur lui pour l’avenir et même pour maintenant. Surtout, Evenepoel a fait preuve d’une sérénité et d’une solidité impressionnante tout au long des trois semaines de course. Le Belge possède en plus de cela une belle marge de progression, qui peut laisser penser qu’il pourra potentiellement être bientôt un sérieux concurrent à la victoire finale.
La déception : les Français abonnés absents du général
Ce n’était pas arrivé depuis… 2013 ! À l’issue de cette édition, un seul Français intègre le top 20 du général en la personne de Guillaume Martin, qui termine à la 13e place du classement général. Depuis 2013, le contingent tricolore plaçait pourtant toujours au moins trois représentants dans le top 20 à l’issue du Tour. À l’époque, un certain Romain Bardet sauvait les meubles. Pour expliquer cette défaillance globale, il y a la mise en retrait de cadors comme Bardet justement ou Warren Barguil mais aussi l’absence de Thibaut Pinot, parti à la retraite et quatre fois top 20 entre 2014 et 2023. Plus globalement, le cyclisme français entre dans une nouvelle page de son histoire, et va devoir patienter avant de truster à nouveau les sommets des classements mondiaux de manière aussi régulière que les dix dernières années.
Le coéquipier : l’essentiel Joao Almeida
Au vu du casting devant, sa performance sera passée un peu inaperçue. Pourtant, Joao Almeida termine quatrième du Tour de France, et devient le premier Portugais à finir dans le top 5 des trois Grands Tours. Et ce alors qu’il s’agissait de sa première participation à la Grande Boucle. Le Portugais a été essentiel dans la réussite de Tadej Pogacar, parvenant à toujours l’accompagner dans les ascensions. Son rôle aura surtout été d’imprimer le rythme du peloton durant trois semaines lorsqu’il s’agissait de revenir sur les échappées, et il l’a fait avec brio. À seulement 25 ans, le jeune coureur est déjà plein de promesses et se place déjà en lieutenant parfait pour Tadej Pogacar dans les années à venir.
L’attaque : Jonas Vingegaard tenait à sa deuxième place
Mis en difficulté par Tadej Pogacar durant les trois semaines, Vingegaard a aussi dû faire avec la fougue d’Evenepoel. Si le Belge se serait bien vu chiper la deuxième place du général à son aîné, le Danois ne l’entendait pas de cette oreille. À l’attaque dans le col de la Couillole, Evenepoel a vu sa première tentative échouer, avant de se faire contrer lors de la seconde. Largué par Vingegaard et Pogacar, le meilleur jeune de ce Tour a ensuite dû limiter la casse en vue de l’ultime contre-la-montre. Ultra solide, Vingegaard termine finalement le Tour avec trois minutes d’avance sur le Belge, qui aura tenté le tout pour le tout dimanche pour l’arrivée à Nice, sans succès.
La victoire : le carnassier Pogacar
Difficile de ne pas le mentionner tant il aura été fort durant ces trois semaines. En retrait durant l’ascension vers Isola 2000, le Slovène aura pourtant fini par être sans pitié pour l’échappée du jour. Parti en solitaire, Matteo Jorgenson avait laissé sur place Richard Carapaz et Simon Yates, ce dernier lâchant par la suite l’Équatorien. Puis, à 9 kilomètres du sommet, Pogacar a attaqué, larguant Vingegaard et Evenepoel, puis reprenant un à un les échappés avant de franchir la ligne d’arrivée au sommet en solitaire. À la fin de l’étape, le Slovène franchit donc la ligne avec 20 secondes d’avance sur Jorgenson, et surtout 1 minute et 42 secondes d’avance sur Vingegaard. De quoi assommer le Tour une bonne fois pour toutes.
L’image : la dernière danse de Romain Bardet en famille
Il sera bientôt beaucoup plus difficile de parler de Romain Bardet, alors autant en profiter tant que c’est encore facile. Maillot jaune à l’issue de la première étape, combatif dans le col de la Couillole, Romain Bardet se sera battu avec ses armes pour son dernier Tour de France. Le maillot à pois 2019 n’aura pas pris de risque lors du contre-la-montre, et c’est tout aussi bien comme ça. Il a profité de ses derniers kilomètres sur le Tour, suivi en voiture par sa femme et son fils qui l’ont encouragé. Se retournant sans cesse durant l’étape pour les regarder dans la voiture, il était évident que le Français avait déjà la tête ailleurs que sur un vélo. Et il a bien raison, merci pour tout champion.
L’essentiel du Tour : pour ceux qui n’ont rien suivi
- Tadej Pogacar remporte son 3e Tour de France à 25 ans en étant vainqueur de six étapes au cours des trois semaines
- Remco Evenepoel finit meilleur jeune pour sa première participation au TDF, il s’est également imposé lors du contre-la-montre arrivé à Gevrey-Chambertin
- Revenu d’une grave blessure, Jonas Vingegaard, double vainqueur en titre, se sera battu, mais repart avec une victoire d’étape, et plus de six minutes de retard sur Pogacar
- Premier maillot jaune équatorien de l’histoire, Richard Carapaz termine le Tour avec le maillot à pois après une très belle troisième semaine
- Sorti vainqueur de son duel avec Jasper Philipsen, l’Erythréen Biniam Girmay remporte le maillot vert ainsi que trois étapes, et devient le premier Africain à terminer le Tour en gagnant cette tunique
- Mark Cavendish et Romain Bardet, tous deux vainqueurs d’une étape, tirent leur révérence sur le Tour à l’issue de cette 111e édition






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