Le 18 et 20 février ont été dévoilées les images du Natural Selection Tour Surf, un tout nouveau système de compétition réunissant 12 des meilleurs surfeurs et surfeuses au monde, qui se veut révolutionner le monde du surf.

Une remise en question du système de compétition

L’idée de Natural Selection vient du snowboardeur américain Travis Rice. Il remet en question le système de compétition dans les sports extrêmes et exprime sa volonté de créer une compétition dans laquelle “Mère Nature” est au centre de l’attention. Il souhaite rassembler les meilleurs athlètes, dans les meilleurs spots et dans les meilleures conditions, tout en préservant les valeurs du sport extrême. Son idée se concrétise en 2021 et s’est d’abord appliquée au Snowboard, compétition qui est aujourd’hui reconnue comme l’une des meilleures en freeride1 au monde. Le calendrier 2025 qui a commencé par l’épreuve de surf se poursuivra avec le VTT en Nouvelle-Zélande, puis à Revelstoke au Canada avec le snowboard, avant de se clôturer en Alaska avec le ski. 

L’épreuve de surf s’est ainsi déroulée le 18 et 20 février en Micronésie. Loin de tout, la Micronésie est située dans le nord-ouest du Pacifique. Composée à 99,9% d’océan, 2 000 petites îles et atolls constituent la seule terre. Cet endroit au milieu des vents violents, des courants, des fortes houles et des typhons, est donc réservé aux plus courageux de l’élite. Pour assurer le bon déroulement de la compétition, les 8 surfeurs et 4 surfeuses ont été guidés par Martin Daly, considéré comme le capitaine de bateau le plus emblématique du surf. C’est son bateau, le Indies Surveyor, qui a servi de base pour les athlètes embarqués dans cette aventure. 

Un casting rassemblant l’élite du surf mondial

Pour la compétition, ce sont donc 8 surfeurs parmi les meilleurs au monde qui ont été appelés pour participer au voyage : Kauli Vaast, Eithan Osborne, Mikey February, Noah Beschen, Soli Bailey, Victor Bernardo, Alan Cleland Jr., et Harry Bryant. La liste des 4 participantes rassemble également l’élite du surf mondial féminin : Coco Ho, Kirra Pinkerton, Milla Coco Brown, et Anne Dos Santos. 

“En tant que surfeur, on sait très bien qui a gagné une session.”

Ian Crane

La compétition s’organise autour d’un nouveau système de notation, avec une sélection de juges garantissant plus d’impartialité. Certains biais constatés chez les juges lors d’épreuves du WSL Championship Tour ont été vivement critiqués. Cela a notamment été observé lors de la récente finale du Lexus Pipe Pro. L’objectif est de préserver l’esprit du freeride au sein de la compétition. Pour que les délibérés soient acceptés par les surfeurs et surfeuses, les juges choisis sont deux surfeurs et une surfeuse qui ont chacun marqué l’histoire de ce sport. On retrouve ainsi Brad Gerlach, Pam Burridge et Ian Crane.

Brad Gerlach, Pam Burridge, Nathan Fletcher et Ian Crane / Source : Ryan Miller

Le “Judging Credo”

Le système de « Judging Credo” supprime la notation numérique que l’on retrouve sur le Championship Tour. C’est moins chaque vague qui est notée que l’impression globale dégagée par le surfeur ou la surfeuse sur l’ensemble de la session. La décision du jury se base sur cinq critères : la créativité, le risque, l’exécution, la difficulté et enfin l’aspect général. Les trois jurés décident ensuite du classement de façon consensuelle selon ces critères. Il n’y a dans ce système pas de possibilité d’adaptation en cours de heat2 en fonction du score obtenu sur telle ou telle vague. Le principe est juste de surfer sans calculs.

Les Tours de qualification 

C’est sur une vague complètement nouvelle que les surfeurs et surfeuses se sont affrontés. Un gros slab3 qui éclate sur un corail à fleur de peau. La compétition s’organise en quatre phases. Une première phase de qualification détermine celui et celle qui rejoindront directement la phase finale. Le deuxième tour permet de compléter respectivement les demi-finales pour les hommes et la finale pour les femmes.

Mikey February lors de la journée d’entraînement / Source : Ryan Miller

Lors de la première session du premier groupe, Eithan Osborne montre son plus beau niveau et score une vague marquante qui lui permet d’accéder directement aux demi-finales. C’est l’une des bombes du set4 sur laquelle il traverse plusieurs sections à tubes dont personne ne le voyait sortir. Il déclare : “Je crois que c’était la meilleure vague de ma vie ».

Lors de la session du second groupe, Soli Bailey prend la tête grâce à une vague très engagée, qui reflète bien les risques qu’il a pris lors du heat. Ces prises de risques lui ont d’ailleurs coûté quelques traces du reef5 sur les bras. On retiendra également la belle performance d’Harry Bryant qui a jonglé entre vagues à turns6 et “tube-rides”7.

Chez les filles, c’est la jeune Milla Coco Brown qui s’impose avec plusieurs belles vagues à turns, ainsi qu’un tube profond dont elle sort mains sur la tête, sous le coup de l’émotion. Kirra Pinkerton a elle aussi montré qu’elle n’avait pas peur de l’engagement, signant la plus grosse vague de la session.

On attendait beaucoup de Kauli Vaast lors du second tour de qualification, lui qui n’avait eu qu’une seule vague lors de la première session. Mais il ne réussit toujours pas à trouver celle qu’il semblait attendre, et rentre au bateau sans avoir pu montrer son talent. Noah Beschen a quant à lui continué dans sa lancée du premier tour, ce qui lui vaut une place en demi-finale.

Dans le deuxième groupe, Alan Cleland Jr., effleure la perfection. Il enchaîne les bombes et met l’accent sur le flow et l’esthétisme, sortant « stand tall »8 de ses tubes.

Lors du second tour féminin, Kirra Pinkerton montre à nouveau sa détermination et prend le dessus sur Coco Ho et Anne Dos Santos. Elle déclare : “Je n’ai fait que de me répéter : « Tu surfes des tubes parfaits, oublie le heat. » Oui, je passe juste les meilleurs moments de ma vie !”

Kirra Pinkerton / Source: Ryan Miller / Natural Selection

Le Final Day

Alors qu’Eithan Osborne semblait maîtriser le début de la première demi-finale, Alan Cleland Jr. multiplie les bons rides et s’offre la première place en finale. De l’autre côté, Soli Bailey montre son plus beau surf. Après deux très beaux rides en début de heat, il continue d’enchaîner et creuse la distance avec Noah Beschen, qui n’a pas réussi à égaler la performance de l’Australien. 

Milla Coco Brown / Source : Ryan Miller

Dans la finale féminine, Milla Coco Brown et Kirra Pinkerton se sont rendues coup pour coup, mais le tube-ride en fin de heat de la surfeuse de 17 ans fait la différence. Milla Coco Brown inaugure ainsi la première place féminine du Natural Selection Tour Surf.

Soli Bailey en finale face à Alan Cleland Jr.
© – Ryan Miller

Dans la finale masculine, Soli Bailey brille à nouveau. Il cumule les turns dessinant de grands arcs de cercles et un barrel9 profond qui ne laisse que peu de marge à Alan Cleland Jr. pour revenir dans le heat. Dans une ambiance chaleureuse, le Mexicain arrose Soli Bailey en guise de félicitations. Bien que le temps imparti soit écoulé, l’Australien se voit récompensé par la nature qui lui offre un dernier tube-ride, dont il sort sous les cris de joie des surfeurs de l’Indies Surveyor.

Extrait du Natural Selection Tour Surf finals
© – Natural Selection Tour Surf

Lexique :

  1. Freeride : consiste à pratiquer un sport hors de tout cadre formel ↩︎
  2. Heat : une session ou une manche ↩︎
  3. Slab : un type de vague qui se forme sur des fonds marins abrupts et rocheux, créant des vagues très puissantes et souvent dangereuses car imprévisibles.
    ↩︎
  4. Set : succession de plusieurs vagues arrivant à fréquence rapprochée ↩︎
  5. Reef : le récif de corail ↩︎
  6. Turns : virages dans la vague ↩︎
  7. Tube-ride : lorsque le surfeur se cale dans le tube ↩︎
  8. Stand tall : bien droit ↩︎
  9. Barrel : un tube ↩︎

Robin Verrier

© – Ryan Miller

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