À l’approche de la sortie de la cinquième saison de J’irai dormir chez moi, son réalisateur, Robin Aussenac, et le surfeur Ian Fontaine, se livrent sur le surf, le travail de l’image, sans oublier bien sûr, la Bretagne.
Installé en Bretagne depuis la fin de ses études, Robin Aussenac conserve un accent toulousain et une passion pour le rugby qui trahissent ses origines. À moitié breton par sa mère, c’est à Loctudy, dans le Finistère, qu’il venait passer ses vacances étant jeune. D’abord passionné de voile, il entre dans le monde du surf à l’occasion d’un stage de fin d’études à la Ligue de Bretagne de Surf (LBS). « Ça m’a permis de me faire la main et de rencontrer tout le monde du milieu surf en Bretagne, puis au niveau national. J’ai carrément accroché. » confie-t-il.
En parallèle, il mène des projets qui lui permettent d’investir dans ses premiers objectifs, boitiers, trépieds et caissons pour filmer dans l’eau. Depuis la fin du confinement, il multiplie les projets avec Gaspard Larsonneur et Ian Fontaine. Originaires de Quimper, les deux surfeurs figurent parmi les têtes de proue du surf breton et jonglent entre compétition et freesurf.
Le 5 novembre 2020, la série J’irai dormir chez moi dévoile son tout premier épisode. Porté par une bande de copains bretons souhaitant réaliser un trip de rêve dans le Finistère, ce projet ambitionne de surfer à moins de 100 kilomètres, redécouvrir la maison et consommer des produits locaux. Sous l’impulsion de Ian Fontaine, le crew a sillonné les côtes bretonnes pendant trois saisons avant de partir chez les Celtes, en Irlande. Cette année, retour aux sources pour mettre les îles bretonnes à l’image.
Filmer la Bretagne : entre contraintes et charme
Ayant voyagé plusieurs fois à l’étranger pour filmer, Robin Aussenac porte une attention particulière à la Bretagne. « Il y a une attache affective, car c’est la maison. Mais à côté de ça, on a des spots qui sont exigeants au niveau des conditions. Ça rend encore plus belle une bonne session, avec de bonnes vagues et de bonnes images, car c’est difficile d’en trouver. C’est pour ça qu’il y a, chez nous, du charme à chercher des bonnes sessions. »
Une fois la vague trouvée, il faut choisir les bons angles de caméra. Filmer en Bretagne demande une connaissance fine des spots et un équilibre entre contraintes et créativité. « Il y a des spots où il y a beaucoup de courants et où c’est difficile de filmer dans l’eau. Filmer depuis la plage nécessite « simplement » de cadrer le surfeur. Il y a beaucoup moins de variables. Après c’est une histoire de créativité. C’est pour ça que c’est sympa de voir ce que font d’autres personnes sur des lieux qu’on a l’habitude de shooter. Ça permet d’avoir un nouvel œil. »

L’esprit breton en image
Si la Bretagne a son caractère, les Bretons aussi. Ian Fontaine en témoigne : « À l’échelle nationale, on a cette image du surfeur breton qui arrive toujours avec une grosse équipe et son drapeau. Il y a cette culture, même en dehors du surf, de la Bretagne solidaire, fière de ses couleurs et de sa culture. Dans le surf, on a une certaine fraternité car on n’est pas très nombreux, donc on est souvent amenés à collaborer sur les projets. C’est toujours plus sympa de surfer entre potes. La plupart des moments, on essaye de les passer ensemble et de les partager. » Les conditions bretonnes jouent aussi : « Les conditions dans lesquelles on va surfer en hiver sont souvent rudes. Ça nous apporte un peu de chaleur d’être motivé ensemble. »
Cet esprit breton est l’âme de J’irai dormir chez moi et Robin Aussenac s’attache à le retranscrire en images. « Je pense que c’est cet esprit qui fait le succès de la websérie. Il y a de la bonne humeur autour des sessions. Le but c’est de filmer quelque chose de brut, de ne pas avoir de dialogues tout faits, même s’il faut parfois orienter certaines conversations pour le bien de la narration. On laisse un maximum de liberté et d’authenticité aux gars. »

Retranscrire cette authenticité implique de filmer le plus de séquences possibles. Les surfeurs sont nombreux, et les discussions s’enchaînent. Il est impossible de tout capturer seul, surtout quand la fatigue s’accumule. « Parfois on s’en veut d’avoir raté quelque chose. Il faut essayer d’anticiper au maximum ce qui va se dire. C’est pour cela qu’on a fait le choix cette année d’être deux à filmer, avec Hugo, mon frère et associé. Ça nous a bien aidé pour avoir plusieurs angles et se relayer. »
Un surf fun et authentique
L’esprit de J’irai dormir chez moi se reflète aussi bien dans les moments de vie que dans les sessions de surf. « Ma culture surf ne se limite pas qu’à des images parfaites. L’objectif c’est de retranscrire le moment présent. Quand on réalise un film de surf, c’est important de penser aussi aux gens qui ne sont pas forcément touchés par le détail de la performance. » explique le surfeur breton.

Si la série capture la technique des surfeurs, elle n’exclut ni les défis ni certaines chutes. Pour Ian, ces moments font partie du quotidien. Il tire cet esprit de sa relation avec son ami et voisin de longue date Gaspard Larsonneur. « On s’est toujours lancés des challenges. On voyait nos sessions de surf un peu comme des sessions de skate. On faisait comme des Game of SKATE, mais avec les lettres de SURF. C’est resté et ça ressort dans nos projets. C’est vraiment naturel. Tous les gars, Titouan (Canevet) et Théo (Julitte), c’est pareil. Ça nous amène aussi à d’autres façons de rider. »
Cette approche « fun » s’inspire aussi des aînés et d’une ancienne marque emblématique du surf breton. « Kanabeach a été un vecteur monstrueux du surf en Bretagne, qui nous a mis sur la carte française et internationale. Leur slogan « All different but all together » et leur image décalée, c’est vraiment parlant pour nous. J’ai été formé par ces vidéos et accompagné par les anciens, Thomas Joncour et le reste de l’équipe. C’est le surf que j’aime. Ce côté très sérieux nous touche moins. Comme on est éloigné du star-system, plutôt orienté sur Hossegor en France, on s’est éloigné de cet esprit. »

Le format de la série s’inspire aussi des réalisations des surfeurs bretons de Lost in the Swell. « Ce qu’il ont réussi à amener sur la scène surf nationale et internationale, c’est dingue ! Les gars avaient une idée, ils y ont cru et ça a marché. Je suis très inspiré par ce qu’ils ont fait et ça se ressent dans la web-série. C’est aussi une mouvance globale. Dans le milieu du surf breton, on se connaît tous. On est très proche avec les gars de Lost in the Swell. On échange souvent et on a pas mal de valeurs communes. »






Laisser un commentaire