Paris-Roubaix. La course d’un jour la plus attendue de la saison possède depuis 2021 sa version féminine. Le mythique « Enfer du Nord » regorge d’histoires à travers les époques. Ce 12 avril, sous un soleil radieux, c’est Pauline Ferrand-Prévot qui a décidé d’écrire la sienne. La championne olympique de VTT a réussi l’exploit de s’imposer en solitaire au vélodrome de Roubaix, devant un public conquis.
Une course à part
L’ambiance était festive à Roubaix tout au long de la journée. Tandis que les coureurs ayant participé à la cyclosportive Paris-Roubaix Challenge arrivent un à un, éreintés, poussiéreux et fiers, les coureuses professionnelles s’élançaient de Denain. Au programme, 148,5 km pour dix-sept secteurs pavés. Si certains affirment qu’il faut avoir de la chance pour ne pas subir d’ennui mécanique comme une crevaison ou une chute, il faut également de la stratégie d’après Clémence Chéreau. « Sur les pavés, il faut choisir la bonne pression des pneus pour avoir une bonne adhérence, et c’est important, surtout sur les pavés du Nord de rouler au milieu parce que les côtés sont très dégradés » explique la Française de l’équipe St Michel-Preference Home-Auber93.
Nombreux sont ceux qui affirment que les grandes courses doivent revenir aux grandes coureuses. Cette année, les favorites étaient d’accord avec cela et ne voulaient pas être piégées par l’échappée matinale, comme ce fut le cas en 2023 avec la victoire surprise d’Alison Jackson. Les fuyardes matinales n’ont donc pas eu la moindre opportunité. À une cinquantaine de kilomètres du but, Lotte Kopecky, championne du monde et tenante du titre, attaque et commence à faire une première sélection. Parmi les piégées, Pauline Ferrand-Prévot, reléguée dans un second groupe après une chute. Déjà diminuée par la maladie, la Française a donc vu ses chances de victoires réduites, malgré son retour dans le groupe de tête une dizaine de kilomètres plus loin.
Un pari roublard pour Visma-Lease a Bike
Visma-Lease a Bike, l’équipe de la double championne de France sur route, avait l’avantage du nombre puisqu’elles étaient quatre à pouvoir prétendre à la victoire. En cas d’arrivée groupée au vélodrome, Marianne Vos, l’une des plus grandes légendes de l’histoire du cyclisme était la carte maîtresse de l’équipe. C’est pourquoi Pauline Ferrand-Prévot a décidé de s’éclipser du peloton de tête, afin de forcer les autres formations à mener la chasse et ainsi permettre à son équipière de se préserver.
Cette attaque n’a cependant pas été suivie, laissant la Française rattraper rapidement Emma Norsgaard Bjerg (Lidl-Trek) qui s’était fait la malle quelques minutes plus tôt. La championne olympique s’est ensuite retrouvée seule en tête, après le secteur de Camphin-en-Pévèle, dans le vent et la chaleur. « Il faisait très chaud, ce sont les premières chaleurs et quand on est sur le vélo à bloc, c’est vraiment compliqué, raconte Clémence Chéreau avant d’ajouter : « le vent, on le sentait vraiment. Il favorisait les échappées. » Pourtant, malgré sa combinaison manches longues, « PFP » n’a pas tremblé ni même montré le moindre signe de nervosité ou de difficultés, puisqu’elle a accru son avance par rapport au groupe des favorites. S’ensuit un mano à mano entre la Française et la Belge Lotte Kopecky qui tentait de revenir sur elle, sans succès.
C’est bien Pauline Ferrand-Prévot qui était la plus forte et malgré les efforts de Kopecky, la Française s’impose en solitaire dans le vélodrome de Roubaix. Plus loin, l’Italienne Letizia Borghesi vient chercher la deuxième place à 58 secondes. La Néerlandaise Lorena Wiebes arrache sa présence sur le podium à 1 min et 1 sec de la lauréate.

© – FRANCOIS LO PRESTI / AFP
Objectif Tour de France
Grâce à ce succès, l’ancienne championne du monde permet à La Marseillaise de retentir dans le vélodrome pour la première fois depuis 1997 et la victoire de Frédéric Guesdon. « C’est magique, gagner Paris-Roubaix la première année de son retour sur route, ce n’était même pas espérer » témoigne Christophe, membre du Pauline Ferrand-Prévot Fanclub.
Pourtant, l’objectif de la saison n’est pas cette course, mais bel et bien le Tour de France Femmes, pour lequel elle a arrêté le VTT et repris la compétition sur route. Si les pronostics ne la donnent pas encore favorite, ses supporters croient en elles : « Pauline est capable de plein de choses, son objectif, c’est le Tour de France, on attend un podium, voir même une victoire si possible. » Seul Eddy Merckx et Bernard Hinault ont réussi la performance de gagner ces deux cours la même année. En 1970 pour le Belge et en 1981 pour le Français. Un exploit que tentera donc Pauline Ferrand-Prévot, mais aussi l’ogre slovène Tadej Pogacar, aligné pour la première fois sur l’Enfer du Nord ce dimanche 13 avril.






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