Les coureurs fendent la foule qui se dresse devant eux, dans un bruit assourdissant : c’est le Tour de France. Ce dimanche, pour la deuxième étape de la Grande Boucle, le peloton de 182 coureurs s’attaque à la première étape vallonnée de cette édition 2025. Une journée initialement annoncée sous une pluie battante, avec un départ retardé de quinze minutes en raison des conditions météo. Fort heureusement, le soleil a ensuite fait son apparition. Après 212 kilomètres de course soutenue, Mathieu van der Poel s’impose à Boulogne-sur-Mer et s’empare du maillot jaune, jusque-là sur les épaules de son coéquipier Jasper Philipsen.
Alpecin en rouleau compresseur
Après un récital collectif lors de la première étape, la formation belge a récidivé. Hier, l’équipe s’était entièrement mobilisée autour de Jasper Philipsen. Mais sur ce terrain vallonné, ses équipiers, peu à l’aise lorsque la route s’élève, ont dû revoir leur plan de bataille. C’est donc vers leur deuxième leader que les regards se sont tournés : Mathieu van der Poel, le coureur tout-terrain par excellence. Lorsque Jasper Philipsen a cédé dans le final, son équipier néerlandais s’est retrouvé esseulé. Resté vigilant dans un premier temps, avant de faire parler sa puissance dans le dernier kilomètre en faux plat montant, il a dominé Tadej Pogacar au sprint.
Le Nord réussit décidément bien à l’écurie de Christoph Roodhooft, qui signe là sa deuxième victoire d’étape dès cette première semaine taillée pour ses hommes. Avec une treizième victoire en cinq participations, Alpecin-Deceuninck confirme sa capacité à peser sur le Tour, quel que soit le scénario.
Une échappée vouée à l’échec
Dès le premier kilomètre, un quatuor se détache : Yevgeniy Fedorov (Astana), Brent Van Moer (Lotto), Bruno Armirail (Decathlon AG2R La Mondiale) et Andreas Leknessund (Uno-X). Comme le confiait le Français à notre micro le matin même : « On verra pourquoi pas, après ça va être une longue journée donc faut pas tout mettre. » Ce groupe ouvre la route pendant près de 100 kilomètres, mais ne parvient jamais à creuser plus de trois minutes d’avance. Leurs espoirs d’échappée victorieuse s’évanouissent rapidement.
Au programme : quatre côtes — deux de quatrième catégorie (1 point) et deux de troisième (2 points). Au sommet de la côte de Cavron-Saint-Martin, Andreas Leknessund, champion de Norvège, prend le premier point de la journée. Au sprint intermédiaire, l’Italien Jonathan Milan règle le peloton devant Biniam Girmay, Tim Merlier et le maillot jaune Jasper Philipsen, offrant ainsi au public le sprint attendu la veille. L’échappée est ensuite reprise à 56 kilomètres de l’arrivée.

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Un final explosif
Dès la côte du Haut Pichot, à 30 kilomètres de l’arrivée, les équipes UAE Emirates et Visma-Lease a Bike prennent les commandes. Emmené par Wout van Aert et le champion de Belgique Tim Wellens, le peloton est dynamité et réduit à une cinquantaine d’unités. Le rythme devient extrêmement élevé dans les deux dernières ascensions du jour.
Dans la côte de Saint-Étienne-au-Mont, les coéquipiers de Romain Grégoire durcissent l’allure, avant d’être remplacés par Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard eux-même, qui se chargent d’écrémer un peu plus le reste du peloton. Le champion du monde passe d’ailleurs en tête au sommet et s’empare du maillot à pois.
L’ascension suivante a offert le premier duel tant attendu entre le Slovène et le Danois. Les deux coureurs sont finalement repris, avant d’être contrés par Kevin Vauquelin, opportuniste, qui tente sa chance en contre au sommet, sans succès.
Dans un final tendu, Julian Alaphilippe lance son sprint de très loin. Il emmène dans sa roue Tadej Pogacar et Mathieu van der Poel, qui déclenche son effort à 200 mètres, sans être remonté. Il réalise le coup double : victoire d’étape et maillot jaune. Un début de Tour idéal pour Alpecin-Deceuninck.
Van der Poel se réconcilie avec le Tour
Quatre ans après sa première victoire sur le Tour, Mathieu van der Poel boucle la boucle. Comme en 2021, il lève les bras et endosse le maillot jaune lors de la deuxième étape. Mais cette fois, l’histoire est teintée d’une forme de rédemption. Entre-temps, le Néerlandais a connu les déceptions, les abandons, les éditions passées à œuvrer dans l’ombre de Jasper Philipsen.
Ce dimanche, c’est en leader qu’il s’impose, lucide et puissant, capable de dominer Pogacar dans un sprint en bosse. Il pourrait conserver le jaune jusqu’aux étapes de montagne. Lui qui, dans la lignée de son grand-père Raymond Poulidor, inscrit un peu plus son nom dans l’histoire de la Grande Boucle.






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