En pleine préparation estivale, l’USL Dunkerque a amarré ce week-end en Turquie, à Samsun. Les Nordistes vont s’entraîner sur les installations du club local, Samsunspor. Mais ce voyage n’est pas anodin : derrière cette rencontre, une stratégie d’un homme d’affaires turc, Robert Yüksel Yıldırım, propriétaire des deux clubs.
Samedi soir, les Dunkerquois ont quitté la Côte d’Opale en direction de la principale ville turque de la mer Noire. Bouquet de fleurs en main, le capitaine Opa Sanganté emprunte la sortie de l’aéroport de Samsun-Çarşamba. Suivi par ses coéquipiers, il découvre un bain de fumigènes. Une centaine de supporters de Samsunspor accueille avec ferveur ceux qu’ils considèrent comme leurs cousins. Le nom de la cité de Jean Bart est scandé par les locaux à de nombreuses reprises, de quoi surprendre positivement les Maritimes. D’une mer à l’autre, ces derniers sont adoptés.
En Turquie, les Dunkerquois effectueront un stage d’une semaine sous les ordres de leur nouvel entraîneur, Albert Sanchez (nommé le 29 juillet). En prime, une confrontation contre Samsunspor aura lieu le vendredi 1er août.
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Robert Yüksel Yıldırım, un multipropriétaire ambitieux
Si ces scènes de joie et de fraternité ont pu se dérouler, c’est grâce à un projet lancé il y a sept ans par Yüksel Yıldırım. Ce dernier a fait carrière dans le secteur du transport maritime.
En 2018, le turco-américain rachète Samsunspor, via sa société d’investissement sportif Amissos (nom de la ville de Samsun durant l’Antiquité). Le club de la mer Noire, pourtant habitué de la Süper Lig de 1970 à 2000 vient d’être relégué en troisième division. Avec le temps, l’entrepreneur, qui fait partie des 100 personnes les plus riches de Turquie1, parvient à faire remonter le club dans l’élite du football turc en 2023.
Cette même année, le sextagénaire a acquis 85% des parts de Dunkerque, à l’époque en Nationale 1. Malgré leur distance, ses deux clubs ont de nombreux points communs : ils sont issus d’une fusion le siècle précédent, sont situés dans une ville portuaire et ont pour but de retrouver les sommets de la scène nationale.
Le développement du collier de perle du Groupe Amissos
On peut aussi noter le rachat du club sénégalais Amitié FC (D2 sénégalaise) en 2022, synonyme d’un nouveau point d’ancrage du Groupe Amissos dans le monde du ballon rond.
Le principal but de Yıldırım est de former, puis de revendre des joueurs. C’est dans cette logique qu’il a noué un partenariat de trois ans avec Toulouse, en août 2023, pour un échange de compétences et de connaissances autour de la formation.
Qui dit multipropriété, dit transferts de joueurs. Pourtant, à ce jour, on en compte seulement quatre, dont Assane N’Doye, formé à l’Amitié FC, aujourd’hui à Dunkerque (Elhadj Bah, Moussa Guel et Franck Atoen ont aussi navigué dans la « petite » galaxie Amissos). Néanmoins, dans un entretien pour L’Equipe, il ne cache pas sa volonté de prioriser son premier club : « Les meilleurs joueurs viendront à Samsun et utiliseront le club comme tremplin pour aller dans des plus grosses équipes en Europe ou ailleurs. »
© – toulousefc.com
Sur de bonnes lancées
On le sait, l’USLD a vécu une saison riche en émotions, avec une demi-finale de Coupe de France ainsi qu’une finale de playoffs de Ligue 2. Ce fut également le cas pour les Rouge et Blanc.
Deux ans après sa remontée en Süper Lig, Samsunspor a terminé sur le podium, derrière les inévitables Galatasaray et Fenerbahçe. Les coéquipiers du franco-camerounais Olivier Ntcham (passé par l’OM) se sont qualifiés pour la première fois de leur histoire en coupe d’Europe2. Ces résultats sportifs permettent de propulser le projet du club économiquement, mais aussi médiatiquement.
Ainsi, ce stage, en apparence purement sportif, symbolise l’avancée d’un projet transnational qui permet de connecter l’avenir de deux clubs, deux villes, deux rives : Dunkerque et Samsun.
© – Wikipédia
- D’après Forbes (2022) ↩︎
- Samsunspor disputera un barrage pour accéder à la Ligue Europa. En cas de défaite, il sera directement reversé en Ligue Europa Conférence ↩︎
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