Alors que la saison 2024-2025 s’achève avec une triste relégation en Nationale 2, les supporters nîmois ont de quoi relativiser. En effet, avec le départ de Rani Assaf et un passage devant la DNCG réussi, les Gardois peuvent enfin aller de l’avant, après plusieurs années de descente aux enfers.
Rani Assaf ou le geôlier du Nîmes Olympique
En 2014, alors qu’il n’était qu’actionnaire minoritaire du club, l’insolvabilité et les problèmes judiciaires des deux autres investisseurs majoritaires obligent Assaf à sauver le club de la faillite. Injectant à lui seul 2,5M d’euros, il devient actionnaire majoritaire en 2015, avant de licencier un an plus tard le président de l’époque Christian Perdier, et récupérer seul la gestion complète du club. Démarre alors la mainmise de l’homme d’affaire franco-libanais sur le club gardois.
Sauvant le club de la faillite, Rani Assaf aurait pu devenir le héros d’un peuple, mais il n’en fut rien, bien au contraire. Porteur d’un grand projet immobilier incluant un centre commercial, un immense parking, une rénovation du stade des Costières et d’autres belles promesses pour la ville, la mairie comme le club fermèrent entièrement les yeux et tendirent les clés du camion à Assaf. Mais au fur et à mesure, ce projet si ambitieux commença à montrer ses limites. Un gouffre financier couplé à des désaccords avec la mairie, ainsi que des tensions avec les sociétés délivrant les permis de construire ont donc conduit Rani Assaf à laisser le Nîmes Olympiques mourir à petit feu.

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Une dégringolade totale
Petit à petit, le franco-libanais fit des économies partout où il le pouvait, afin de camoufler l’échec d’un projet beaucoup trop ambitieux. Parmi les dommages collatéraux de ces coupes budgétaires, Assaf prit la décision de fermer le centre de formation, apparemment trop coûteux. À coups de disputes internes, d’une dictature camouflée faisant taire les rares lanceurs d’alertes, et de nombreux soucis d’égo, le sportif a commencé à ne plus suivre. En 2021, il demande la dissolution des groupes d’ultras, avant d’acter la fermeture de deux tribunes du Stade des Costières. Une fracture profonde avec les supporters provoquant une baisse notable des affluences, plus de centre de formation, plus d’argent investi, forte réduction des employés, c’est tout un club qui est assiégé. Ainsi, le Nîmes Olympique est relégué en National en 2023, puis en National 2 en 2025, avant que la DNCG leur promette en juin la Régionale 1.
Mais au bord du précipice, le club semble enfin entrevoir un avenir
Tous les voyants semblaient au rouge lorsque la DNCG annonçait en juin la relégation administrative du club de toute compétition nationale, mais depuis, les choses ont évolué. En effet, la relégation poussa Rani Assaf à enfin quitter le navire, après une décennie d’étouffement d’un club historique. Un mois plus tard, le 15 juillet 2025, les supporters nîmois galvanisés par les promesses du nouveau président Thierry Cenatiempo1, attendaient avec impatience les résultats de la commission d’appel de la DNCG. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les Crocos ont eu gain de cause, et pourront évoluer en Nationale 2 la saison prochaine. Une annonce qui offre enfin du baume au cœur aux supporters, comme nous l’explique Barsimé, fanatique du club : « On voit enfin une lueur d’espoir, depuis des années on prend en otage mon club et de savoir que ce ravisseur s’en va enfin, ça me soulage tellement ! On peut enfin aller de l’avant, rêver à nouveau, même si le chemin reste long, je crois qu’on va enfin arrêter d’aller à contre-sens. »
De nombreuses raisons de croire à un renouveau
Alors que les campagnes d’abonnements n’existaient plus sous Assaf, celle de la saison 2025-2026 risque de faire un carton. Plus de 2 200 supporters ont déjà manifesté leur intention de s’abonner via la campagne de pré-abonnement menée par le collectif « Sauvons le Nîmes Olympique ». Ce collectif, rare voix réussissant à s’élever durant la descente aux enfers, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Alors qu’une rupture totale avait eu lieu, l’idée est aujourd’hui de collaborer étroitement entre actifs et supporters, pour redonner vie au club.

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C’est tout un club qui veut renaître de ses cendres, et d’anciens joueurs veulent participer au ravivement du feu. C’est le cas d’Anthony Briançon, Clément Dépres, Benoît Poulain, Théo Valls et Renaud Ripart, qui ont, à eux cinq, disputé 931 rencontres sous le maillot nîmois, et qui sont devenus actionnaires du club à hauteur de 10,5%. Mais redonner vie au club ne sera cependant pas une mince affaire, car le mal est profond. Avant de prétendre retrouver le monde professionnel, d’autres étapes doivent être franchies. D’abord, régler le dernier grand problème posé par l’ex-propriétaire : la Bastide2 et les Antonins3 lui appartiennent toujours. La mairie de Nîmes, qui avait cédé le terrain à titre temporaire pour construire le stade, n’a plus la main sur le site, et Assaf ne semble pas vouloir lâcher sa propriété. Alors que le bail court jusqu’en 2032, le Nîmes Olympique peut difficilement prévoir son futur dans un stade appartenant à son bourreau. Voilà une des premières manœuvres à observer pour la nouvelle direction, et pas des moindres.

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Même si la situation reste délicate, autant économiquement que sportivement et que le club ne sera pas reconstruit en un jour, les planètes semblent enfin commencer à s’aligner. Comme l’a dit Thierry Cenatiempo dans les colonnes d’Objectif Gard, il veut être « la locomotive, et derrière, avec les wagons, mettre du charbon pour avancer. » De quoi redonner espoir aux supporters nîmois.
- Entrepreneur gardois de 62 ans, fondateur et dirigeant de GT Formation (formation continue dans le secteur bancaire et assurance) et ancien maire de Saint‑Hilaire‑d’Ozilhan (2014‑2020) ↩︎
- Terrain d’entraînement du club ↩︎
- Stade dit « provisoire » du club en attendant la rénovation des Costières ↩︎
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