Depuis la saison 2021, où Yamaha a vu son jeune talent Français Fabio Quartararo devenir champion du monde de MotoGP à 22 ans, l’écurie bleue ne parvient pas à trouver son second souffle. Les promesses du team au pilote niçois lors de la prolongation de son contrat officialisée en avril 2024 (jusqu’en 2026), semblent aujourd’hui hors d’atteinte. 

Les saisons se suivent et se ressemblent au sein du team Yamaha Monster Energy, et 2025 ne déroge pas à la règle. Les difficultés à faire fonctionner la Yamaha M1 subsistent, et la pause estivale qui s’est achevée le week-end dernier (15, 16 et 17 août) avec le Grand Prix d’Autriche n’a rien arrangé. Lors de ce dernier, les quatre motos du constructeur japonais ont terminé aux quatre dernières positions, à plus de 25 secondes du vainqueur Marc Marquez (Ducati). Jack Miller (18ème) a déclaré avoir « tout essayé », en vain, lorsque Fabio Quartararo (15ème) a qualifié son week-end de « ridicule », tous deux insistant sur l’impossibilité de collecter des données exploitables afin de faire progresser leur machine. A l’écran, le manque d’adhérence ainsi que les difficultés à doubler d’autres pilotes sont flagrantes. A cela s’ajoute une vitesse de pointe insuffisante par rapport aux autres constructeurs, qui ne fait qu’accroitre les difficultés rencontrées.

Les statistiques vont dans ce sens. Cette saison, Quartararo termine les grands prix avec une moyenne de 19 secondes de retard sur le vainqueur. C’est mieux que la saison passée, où cette moyenne était de 24 secondes. Certains y voient un manque de compétitivité incompatible avec les promesses faites au jeune talent tricolore lors de sa prolongation de contrat, quand les plus optimistes décèlent un signe d’amélioration. 

Fabio Quartararo a chuté au premier virage lors de la course sprint sur le circuit de Balaton Park, en Hongrie
© – MotoGP

Des améliorations mais pas de transformation

Pour autant, tout n’est pas à jeter. Quartararo a réalisé quatre pôles positions cette saison, dont trois d’affilée à Jerez (Espagne), au Mans (France), et à Silverstone (Grande-Bretagne) qu’il n’a pas réussi à concrétiser en victoire. Le Français a terminé second à Jerez, son meilleur résultat de la saison. Il a abandonné lors de ses trois autres pôles.  

Ce week-end, le paddock MotoGP a posé ses roues sur un circuit inédit : le Balaton Park, en Hongrie. Jeudi, jour de « press day », Fabio Quartararo s’est présenté au micro de Canal+ encore agacé de ses mauvais résultats à répétition. Le Niçois en a profité pour accentuer sa pression sur son équipe : « Je veux faire comprendre à Yamaha que je ne suis pas venu pour faire de la démonstration mais pour gagner. Je veux au moins avoir les armes pour me battre et là ce n’est pas le cas. » Et d’ajouter : « Je leur ai donné une dernière chance parce que j’y croyais, mais si le projet ne marche pas l’année prochaine, il sera temps de faire un choix délicat. » Avant que J. Miller n’en rajoute une couche au sujet de la prolongation de son contrat qui se termine en fin de saison : « J’ai été assez patient. Soit ils me veulent, soit ils ne me veulent pas. C’est aussi simple que cela. » Le directeur de l’équipe, Massimo Meregalli, n’était pas plus optimiste vendredi lors des essais : « Après un week-end très difficile comme en Autriche, on comprend que les pilotes soient frustrés. Malheureusement, ce tracé en Hongrie avec de nombreuses accélérations et freinages ne correspond pas à notre moto. Les pilotes se plaignent du comportement de leur machine. » Et les données collectées par l’équipe « test » plus tôt dans la saison ne sont pas exploitables : « La météo n’était pas la même, il faisait bien plus chaud. » Samedi, Fabio Quartararo s’est tout de même placé en 6ème position sur la grille avant de chuter au premier virage lors de la course sprint. Les trois autres pilotes de la marque n’ont guère fait mieux, terminant en dehors des points (12ème, 14ème, 16ème). Dimanche, Miller a chuté à deux reprises avant d’abandonner. La meilleure machine a terminé à la 10ème position, sous l’impulsion d’ « El Diablo »1

Quel est ce « projet » pour la saison prochaine ?

Le Français Fabio Quartararo aux côtés de son team après son sacre de champion du monde, en 2021. Une époque qui paraît si lointaine…
© – Instagram – fabioquartararo20

Jusqu’à la saison dernière, Yamaha était la seule équipe qui ne comptait que sur ses deux motos « officielles ». Ducati, qui dispose de la moto la plus performante, collectait les données sur huit motos réparties entre le team « usine » et trois teams « satellite ». Ce manque de données chez Yamaha explique sûrement les difficultés actuelles. Pour cette saison 2025, la marque japonaise s’appuie sur quatre motos identiques. Deux appartenant au team « usine » avec Fabio Quartararo et l’Espagnol Alex Rins. Les deux autres gérées par le team « satellite » Yamaha PRAMAC (ex-Ducati PRAMAC), ayant pour pilotes Jack Miller (AUS) et Miguel Oliveira (POR). Cette stratégie, la même pour chaque écurie, leur permet de doubler leurs chances en course, mais surtout de collecter davantage de données afin de faire progresser les machines. Une évolution majeure est attendue pour la saison 2026. Preuve du retard de développement chez Yamaha, leur moto, équipée d’un moteur quatre cylindres en ligne, est la seule du paddock avec une telle configuration. Elle devrait (enfin) être remplacée par un moteur V4 (deux rangées de deux cylindres disposées en « V ») qui permet d’obtenir une meilleure vitesse de pointe et une accélération plus puissante, ainsi qu’un meilleur freinage. Des tests sur ce nouveau moteur ont été effectués et d’autres sont prévus, mais aucune information précise n’a été confiée à la presse pour le moment. Autre signe d’espoir, en 2027, un nouveau règlement sera introduit en MotoGP, avec l’objectif d’un pilotage plus équitable. Moins de technologies aérodynamiques et d’aides au pilotage sur les motos aideront, peut-être, Yamaha à reconquérir le championnat du monde. 

  1. Surnom de Fabio Quartararo ↩︎

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Martin Canque

© – GP Inside

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