Ce n’était pas la finale tant attendue, mais les affrontements entre Daniil Medvedev et Novak Djokovic ont jusqu’ici rarement déçu. Pourtant, hormis un 2e set très accroché, le match a longtemps semblé à sens unique, en faveur d’un Serbe toujours en quête de nouveaux records. Dans la nuit du 10 au 11 septembre, ce fut chose faite pour celui qui redevient numéro un mondial ce lundi, au terme d’un match remporté en 3 sets (6-3/7-6/6-3), qui égalise le record de titres en Grand Chelem de Margaret Court : 24.

Un match étrange

Il était possible de s’attendre à une très grande finale au vu de l’historique entre les deux joueurs. D’un côté, Novak Djokovic, en quête d’un nouveau record à égaler, d’une place de numéro un mondial à conforter et d’une revanche suite à sa défaite en finale de l’US Open 2021 face au même Medvedev qui l’avait empêché de réaliser le Grand Chelem (remporter les 4 tournois du Grand Chelem la même année). De l’autre, un Daniil Medvedev en grande forme sur dur cette année, passé de 12e à 3e mondial durant la saison, et qui aimerait bien remporter un deuxième Grand Chelem plutôt que perdre une 4e fois en finale.

Novak Djokovic après sa victoire en finale de l’US Open face à Daniil Medvedev (6-3/7-6/6-3) (©Michelle V. Agins – The New York Times)

Le premier set a été rythmé et intense, sans pour autant atteindre des sommets tennistiques ni véritablement contenter le public américain. Après sa demi-finale remportée face à Carlos Alcaraz, Medvedev a semblé un peu emprunté physiquement, tandis que Djokovic, pas le moins du monde gêné, enchaînait les points et concluait cette première manche (6-3). C’est dans le deuxième acte de cette finale que les choses se sont compliquées pour les deux joueurs.

Plusieurs facteurs à prendre en compte : la chaleur des derniers jours aux Etats-Unis, l’âge de Djokovic (36 ans), et surtout, la hausse du niveau de Medvedev. Après un début de manche plus accroché, bien que toujours à l’avantage du Serbe sur le plan tactique et mental, le match a basculé dans une nouvelle dimension à 3-3. Ce 7e jeu de la seconde manche a été d’une intensité folle, et c’est cette intensité qui a prévalue jusqu’à la fin de ce deuxième set, avec des échanges de plus en plus longs, un Djokovic dont la jambe tirait et qui cherchait de plus en plus à reprendre son souffle. Mais au tie-break, le roi, c’est Novak (désormais 26 des 31 tie-breaks disputés en 2023 remportés par le Serbe).

Le roi reprend son trône

Ce deuxième set aura laissé des traces, Medvedev devant même faire appel au médecin pour une douleur à l’épaule. Ce qui est sûr, c’est qu’après cette deuxième manche de haute volée, le Russe n’a plus jamais réussi à jouer au même niveau, et Djokovic n’a eu qu’à dérouler. Malgré un débreak instantané à 2-1, le numéro 3 mondial a perdu de nouveau sa mise en jeu instantanément, laissant ensuite le Serbe filer vers le titre.

Daniil Medvedev et Novak Djokovic durant la remise du trophée après leur finale à l’US Open (©AFPPIX)

En finale de Grand Chelem, c’est donc un quatrième échec pour Medvedev. De l’autre côté du filet, Djokovic remporte son 24e Grand Chelem en 72 participations (33% de titres) et en 36 finales (1 tournoi sur 2). Depuis 2011, le Serbe a remporté 23 des 51 Grand Chelem mis en jeu, c’est plus que les titres de Federer, Nadal, Murray et Wawrinka, cumulés. Il aura fallu de la créativité à Djokovic pour émousser Medvedev, mais au bout du compte, il a trouvé la faille.

Plus solide en fond de court, meilleur sur les balles de break, impérial à la volée (37 points remportés sur 44), le numéro un mondial n’a que rarement été mis en difficulté et a toujours su répondre quand Medvedev lui a proposé un niveau de jeu plus élevé. Grâce notamment à son service extrêmement efficace côté égalité, et à sa solidité en défense de fond de court, le Serbe s’est grandement facilité la tâche. Pour donner une idée d’à quel point le record de Djokovic est vertigineux, cette citation de Medvedev, dont la carrière est loin d’être ridicule, peut aider : « J’ai l’impression de ne pas avoir une mauvaise carrière, j’ai 20 titres, tu as 24 Grand Chelem. » Le tennis est un jeu simple, deux joueurs s’affrontent, et à la fin, c’est Novak Djokovic qui gagne.

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AP Photo – Manu Fernandez

Corentin Delorme

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